NON à l’initiative radicale de l’UDC

12 décembre 2025

Le Conseil fédéral rejette sans contre-projet l’initiative dite pour la protection des frontières de l’Union démocratique de centre (UDC). L’Organisation suisse d’aide aux réfugiés (OSAR) applaudit cette décision claire. Elle aussi oppose un NON catégorique à cette initiative radicale à l’extrême par laquelle l’UDC entend rompre avec le droit international contraignant, abroger des pans entiers du droit suisse de l’asile et supprimer la protection des personnes déplacées par la guerre. Il s’agit d’une attaque frontale contre la protection des personnes réfugiées, qui implique de dénoncer la Convention de Genève sur les réfugiés et la Convention européenne des droits de l’homme et met fin à la coopération avec l’Union européenne (UE) dans le domaine de l’asile. L’OSAR combattra donc cette initiative de toutes ses forces.

Le Conseil fédéral a présenté aujourd’hui son avis sur l’initiative de l’UDC, officiellement intitulée « Stop aux abus de l’asile ! (initiative pour la protection des frontières) ». Face à ses revendications radicales, il lui oppose un Non catégorique et recommande de la rejeter sans contre-projet. Le message du Conseil fédéral devrait être disponible d’ici l’automne 2026. L’OSAR salue explicitement ce rejet ferme du Conseil fédéral, d’autant qu’il nomme sans détours les graves conséquences de l’initiative et vient ainsi confirmer l’analyse de l’OSAR. Elle aussi s’oppose résolument à cette initiative, qui représente l’offensive la plus radicale menée jusqu’ici par l’UDC contre la protection des personnes réfugiées, le droit d’asile et les droits humains.

Attaque frontale contre la protection des personnes réfugiées

L’initiative demande l’instauration de contrĂ´les systĂ©matiques aux frontières, l’interdiction gĂ©nĂ©rale d’entrĂ©e des personnes requĂ©rantes d’asile, la limitation de l’octroi de l’asile Ă  un contingent de 5000 personnes maximum par an et la suppression de l’admission provisoire.  

Elle appelle donc Ă  faire fi de principes fondamentaux de la Constitution et d’obligations internationales afin de vider de leur sens le droit d’asile suisse et la protection des personnes rĂ©fugiĂ©es. L’initiative aurait donc d’immenses consĂ©quences pour les personnes rĂ©fugiĂ©es. La Suisse renverrait des femmes, des hommes et des enfants victimes de persĂ©cution ou fuyant la terreur, la guerre et la violence, sans tenir compte de leur situation dangereuse et de leur besoin de protection. 

Pour l’OSAR, c’est un NON clair et net ! 

L’initiative de l’UDC attaque les valeurs dĂ©mocratiques fondamentales de notre sociĂ©tĂ© que sont l’humanitĂ©, l’État de droit et la solidaritĂ©. L’OSAR dĂ©montre en dĂ©tail dans son argumentaire que cette initiative... :  

... vise Ă  rompre avec le droit international contraignant. L’initiative veut introduire une interdiction gĂ©nĂ©rale d’entrĂ©e en Suisse pour les personnes rĂ©fugiĂ©es transitant par des États tiers sĂ»rs. Actuellement, cela concerne presque la totalitĂ© des personnes qui dĂ©posent une demande d’asile en Suisse puisqu’elles arrivent ici en passant par l’un de nos pays voisins, qui sont justement reconnus comme des États tiers sĂ»rs. Cette exigence ne peut ĂŞtre mise en Ĺ“uvre sans contrevenir au droit international contraignant, non nĂ©gociable et non dĂ©nonciable (principe de non-refoulement) Ă©tant donnĂ© que les refoulements, ou pushbacks, systĂ©matiques de personnes rĂ©fugiĂ©es sont interdits. 

L’initiative demande aussi que les personnes admises Ă  titre provisoire, c’est-Ă -dire avec un permis F, quittent la Suisse alors qu’un retour dans leur pays d’origine est considĂ©rĂ©, après examen, comme illicite, inexigible ou impossible. C’est pour cette raison que ces personnes obtiennent un permis F et que nombre d’entre elles ne peuvent ĂŞtre renvoyĂ©es de Suisse sans qu’il y ait violation du droit international contraignant. 

... abroge des pans entiers du droit d’asile suisse. Cette initiative veut que les femmes, les hommes et les enfants qui atteignent la Suisse par voie terrestre en passant par un État tiers sĂ»r se voient dĂ©sormais refuser l’entrĂ©e, l’asile et l’admission provisoire. Il s’agit d’une abrogation substantielle du droit d’asile et de la procĂ©dure d’asile suisses. L’introduction d’un contingent d’octroi de l’asile n’y changerait rien, car une dĂ©cision politique de contingenter certaines catĂ©gories de personnes rĂ©fugiĂ©es ne peut remplacer le droit Ă  une procĂ©dure d’asile individuelle et Ă  la protection, garanti par le droit international et la Constitution. En outre, ce contingent limitĂ© par l’initiative Ă  5000 personnes par an maximum est totalement arbitraire, fait fi de la rĂ©alitĂ© des mouvements migratoires et se situe largement en deçà des 12 000 protections, hors statut S, octroyĂ©es en moyenne au cours des dernières annĂ©es. 

... met fin Ă  la protection des personnes dĂ©placĂ©es par la guerre. L’initiative entend supprimer complètement l’admission provisoire (permis F). Plus aucune nouvelle admission provisoire ne serait accordĂ©e et les permis F ne seraient pas renouvelĂ©s. Les femmes, les hommes et les enfants qui vivent dĂ©jĂ  en Suisse au titre d’une admission provisoire devraient perdre cette protection et quitter au plus vite le territoire suisse, mĂŞme si ces personnes sont dĂ©jĂ  bien intĂ©grĂ©es et financièrement indĂ©pendantes. Des dizaines de milliers de personnes innocentes deviendraient alors sans-papiers, obligĂ©es de vivre dans l’illĂ©galitĂ© et la prĂ©caritĂ© de l’aide d’urgence jusqu’au moment de leur renvoi. 

... annihile la coopĂ©ration internationale dans le domaine de la protection des personnes rĂ©fugiĂ©es. L’initiative rompt totalement avec les obligations fondamentales de la Suisse en matière de droit des personnes rĂ©fugiĂ©es et des droits humains, et avec celles du droit d’asile europĂ©en. En effet, pour la mettre en Ĺ“uvre, il faudrait dĂ©noncer les accords d’association Ă  Schengen et Dublin, la Convention de Genève sur les rĂ©fugiĂ©s, la Convention europĂ©enne des droits de l’homme, la Convention de l’ONU sur les droits de l’enfant, la Convention de l’ONU contre la torture et le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (Pacte II de l’ONU).  

... porte prĂ©judice Ă  la Suisse. La dĂ©nonciation de ces accords internationaux se rĂ©percute bien au-delĂ  du domaine des personnes rĂ©fugiĂ©es. Les droits politiques et civils de la population suisse seraient affaiblis et la position de la Genève internationale en tant que siège du Haut Commissariat des Nations Unies pour les rĂ©fugiĂ©s (HCR) serait menacĂ©e. Une dĂ©nonciation des accords d’association Ă  Schengen signifie aussi la fin de la libre circulation des personnes avec l’UE, Ă©tant donnĂ© que les accords sont liĂ©s. Les contrĂ´les aux frontières risquent en outre d’entraĂ®ner des coĂ»ts supplĂ©mentaires considĂ©rables, des kilomètres d’embouteillages et des restrictions pour le tourisme et la libertĂ© de circulation. De plus, la suppression de l’admission provisoire affaiblirait sensiblement le potentiel national de main-d’œuvre. Enfin, les personnes visĂ©es devraient ĂŞtre soutenues financièrement et hĂ©bergĂ©es dans des structures d’aide d’urgence, ce qui poserait des problèmes considĂ©rables aux autoritĂ©s cantonales et communales.