L’OSAR critique sévèrement la décision de la Suisse d’avoir repris et signé tout récemment l’accord de réadmission de l’Éthiopie avec l’Union européenne. En effet, malgré une ouverture démocratique partielle, l’Éthiopie n’est pas en mesure de garantir le respect des droits humains. En raison du climat d’insécurité qui continue de régner sur place, l’OSAR est d’une manière générale opposée aux renvois des requérant-e-s d’asile débouté-e-s vers l’Éthiopie.
Suite à l’accord de réadmission, 300 personnes frappées par une décision de renvoi doivent quitter la Suisse pour leur pays de provenance, l’Éthiopie. Les personnes concernées peuvent désormais être renvoyées de force par avion, accompagnées d’un personnel de sécurité. L’OSAR trouve tout simplement scandaleux qu’il faille pour cela recourir aux services secrets éthiopiens (Niss) connus pour leurs répressions à l’encontre des opposant-e-s au régime. Avant même de procéder au renvoi, la Suisse fait appel au Niss pour l’identification des personnes concernées. Les services secrets ont ainsi accès aux informations sensibles de la diaspora éthiopienne en Suisse, dont la sécurité est ainsi inutilement menacée.
Selon les estimations de l’OSAR, la situation en Éthiopie ne s’est améliorée que de façon marginale. Même si le pays a fait un pas vers une ouverture démocratique, d’anciennes structures empêchant ce renouveau politique sont toujours au pouvoir. Le pays est marqué par une grande misère, qui touche environ un tiers de la population, ainsi que par de violents conflits territoriaux. Les restrictions contre les organisations de défense des droits civiques n’ont toujours pas été levées. La législation antiterroriste doit encore être réformée.
L’OSAR estime qu’avec cet accord de réadmission, la Suisse prend un risque beaucoup trop grand. Si la Suisse devait effectivement organiser des renvois forcés, l’OSAR invite le Secrétariat d’État aux migrations à assurer la sécurité des personnes concernées en Éthiopie également. Outre le fait que ce contrat n’aurait pas dû être signé, son exécution doit être immédiatement suspendue en cas de signes de violations des droits humains.