L'Europe cible les trafiquants sans se soucier des réfugiés

L'Europe cible les trafiquants sans se soucier des réfugiés

24 avril 2015

C’est avec grand regret que l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés OSAR a pris connaissance des décisions des chefs d’Etat européens, réunis dans le cadre du sommet européen extraordinaire consacré aux migrants. Les égoïsmes nationaux et les intérêts particuliers de chacun empêchent l’adoption d’une politique d’immigration et d’asile crédible. Il manque en particulier des propositions efficaces et des solutions en faveur des réfugiés ayant besoin de protection. L’OSAR voit toutefois différentes possibilités d’action que la Suisse et l’UE peuvent entreprendre à court, moyen et long terme.

La décision des chefs d’Etats de l’UE, réunis à Bruxelles le 23 avril 2014, qui est d’augmenter le budget des missions maritimes Triton et Poséidon du programme Frontex, est saluée par l’OSAR, à condition que l’impact du sauvetage des réfugiés soit similaire à celui de l’opération «Mare Nostrum», menée par le gouvernement italien. Toutes les autres décisions de l’UE ne visent cependant qu’à empêcher les réfugiés d’atteindre l’Europe. Ainsi, les affaires des bandes criminelles de passeurs se voient plutôt encouragées que combattues. Pour les personnes ayant besoin de protection, les prix et l’exploitation sur le chemin de l’exil augmenteront encore. Tant qu’il n’y aura pas de voie légale et ouverte vers l’Europe, les migrants dépendront totalement du service des passeurs.

Ce que l’Europe doit faire à court, moyen et long terme:

  • Organiser immĂ©diatement des opĂ©rations de sauvetage efficaces en mer, sous direction europĂ©enne et comme substitut Ă  l’opĂ©ration «Mare Nostrum»
  • Permettre l’ouverture de voies de passage lĂ©gales et durables vers l’Europe afin de protĂ©ger les migrants (contingent, regroupement familial, visa humanitaire).
  • Garantir la possibilitĂ© de demander l’asile dans les ambassades ou un accès lĂ©gal similaire dans tous les Etats de l’UE.
  • Allouer plus de ressources aux premiers pays d’accueil des rĂ©fugiĂ©s.
  • Garantir des procĂ©dures d’asile justes et des conditions de vie dignes aux personnes ayant  un besoin de protection dans tous les Etats de l’UE.
  • Lutter efficacement contre les causes de fuite et de migration involontaire.

Ce que la Suisse doit faire:

La Suisse pourrait jouer un rĂ´le actif, exemplaire et contribuer, grâce aux ressources dont elle dispose, Ă  la mise en Ĺ“uvre de toutes ces mesures. Par consĂ©quent, l’OSAR demande au Conseil fĂ©dĂ©ral de:

  • Appliquer la clause de souverainetĂ© (entrĂ©e en matière en Suisse) dans le cadre du Règlement Dublin III pour toutes les personnes vulnĂ©rables, en particulier lorsque des pays tels que l’Italie, la Hongrie, la Bulgarie ou Chypre sont concernĂ©s.
  • Mettre fin aux rapatriements vers la Grèce.
  • RĂ©introduire les demandes d’asile dans les ambassades, prĂ©cisĂ©ment parce que d’autres Etats europĂ©ens hĂ©sitent Ă  le faire. La Suisse a de l’expĂ©rience avec cet instrument et peut inciter les autres Etats Ă  offrir cette possibilitĂ© aux requĂ©rants d’asile. Ce serait le seul chemin lĂ©gal et sĂ»r d’accès Ă  la protection pour les personnes qui en ont besoin. Dans tous les cas, il s’agirait-lĂ  d’une possibilitĂ© d’examiner de façon prĂ©liminaire les demandes d’asile Ă  l’extĂ©rieur de l’Europe bien plus rĂ©aliste et efficace que l’idĂ©e de mettre en place des centres de tri externalisĂ©s en Afrique ou en Asie. 
  • Mettre rapidement en Ĺ“uvre la dĂ©cision du Conseil fĂ©dĂ©ral de recevoir 3’000 rĂ©fugiĂ©s syriens supplĂ©mentaires.
  • GĂ©rer la crise actuelle des rĂ©fugiĂ©s au niveau fĂ©dĂ©ral, cantonal et avec les diffĂ©rents reprĂ©sentants de la sociĂ©tĂ© civile
  • RĂ©former et ajuster fondamentalement l’aide suisse au dĂ©veloppement ainsi que les Ă©changes commerciaux, particulièrement dans les pays situĂ©s au sud du Sahara. Investissements directs dans le domaine de la santĂ©, la formation, la formation professionnelle, la promotion des entreprises locales, la construction et l’amĂ©lioration des infrastructures du pays. RĂ©partition Ă©quitable des matières premières au sein de la population. ArrĂŞt de l’exportation d’armes dans les pays en voie de dĂ©veloppement.
  • Collaborer plus Ă©troitement avec les pays industrialisĂ©s d’Europe, dĂ©pourvus d’un passĂ© colonial.

Questions

Symposium sur l’asile

Société civile et protection des personnes réfugiées : dans quelle mesure cet énorme potentiel peut-il être mis à profit, même en dehors des crises majeures ? Prenez part à la discussion.

Zwei Frauen arbeiten gemeinsam im Garten
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