Le 24 février, les troupes russes ont lancé une invasion à grande échelle en Ukraine. Depuis, plusieurs millions de personnes ont déjà dû fuir la violence vers les pays voisins. On estime que si l'escalade se poursuit, beaucoup plus de personnes pourraient encore être déplacées. Avec 44 millions d'habitant-e-s, l'Ukraine est l'un des pays les plus peuplés d'Europe.
Pratique actuelle de la Suisse
Les personnes en quête de protection en provenance d'Ukraine qui ont dû quitter leur pays en raison de la guerre obtiennent en Suisse le statut de protection S. Les réfugié-e-s obtiennent ainsi rapidement un droit de séjour sans devoir passer par une procédure d'asile ordinaire. La validité est d'un an, avec possibilité de prolongation.
Le marché du travail est immédiatement accessible aux personnes ayant le statut S et les enfants peuvent aller à l'école. En outre, les regroupements familiaux sont possibles.
La nouvelle réglementation s'applique également aux personnes originaires de pays tiers qui ont dû quitter l'Ukraine en raison de la guerre. La condition est que celles-ci disposaient d'un permis de séjour ukrainien valable avant leur fuite et qu'elles ne puissent pas retourner dans leur pays de manière sûre et durable.
Contexte
Depuis l’automne 2021, la Russie a déplacé des troupes et du matériel militaire près de la frontière ukrainienne. En décembre 2021, environ 100 000 soldats russes étaient stationnés à la frontière. La Russie a exigé sous forme d’ultimatum que l’Ukraine ou d’autres anciens membres de l’Union soviétique soient interdits d’adhérer à l’OTAN et que les troupes et les équipements militaires de l’OTAN en Europe de l’Est soient réduits. Malgré les efforts diplomatiques de l’Occident pour résoudre la crise, le 21 février 2022, le président russe Poutine a reconnu les deux régions séparatistes de l’est de l’Ukraine, Donetsk et Lougansk, comme des États indépendants et a ordonné aux troupes russes « d’y maintenir la paix ».
Le conflit entre la Russie et l’Ukraine a commencé peu après la révolution dite de Maïdan en novembre 2013, qui a renversé le président ukrainien prorusse Ianoukovitch. En réaction, les troupes russes ont annexé la région ukrainienne de Crimée et justifié cette annexion par la défense des droits des citoyen-ne-s russes et russophones. Par la suite, les séparatistes prorusses dans les régions orientales de Donetsk et de Lougansk ont organisé un référendum et proclamé l’indépendance de leurs « républiques populaires ». Entre avril 2014 et février 2022, la violence et les affrontements entre les forces séparatistes soutenues par la Russie et l’armée ukrainienne ont fait plus de 14 000 mort-e-s. L’Ukraine comptait déjà environ 1,5 million de personnes déplacées à l’intérieur du pays avant l’invasion russe actuelle, en raison de l’annexion de la Crimée par la Russie et de la guerre dans l’est de l’Ukraine.
Ce que nous exigeons
- Le statut de protection S. Le Conseil fédéral a activé le statut de protection S à partir du 12 mars 2022. L'OSAR salue cette décision et la volonté de la Suisse d'accueillir rapidement et sans complications les réfugié-e-s de guerre en provenance d'Ukraine. Elle salue également la flexibilité de ce statut - c'est-à -dire l'accès immédiat au marché du travail et les possibilités de voyage. Il est important que des mesures d'intégration soient également mises en œuvre et financées, car il faut s'attendre à ce que les personnes concernées restent en Suisse à long terme. Dans ce contexte, les cours de langue sont fondamentaux, mais aussi le job coaching, les mesures de formation et du marché du travail.
- Des frontières ouvertes pour les personnes ayant fui l’Ukraine. Les frontières au sein de l’Europe doivent rester ouvertes. Le droit des réfugié-e-s doit être respecté et le droit d’asile doit être garanti.
- Un accueil solidaire des personnes réfugiées. L’Europe doit s’engager de manière unie et avec le soutien de la Suisse en faveur de la population civile locale menacée par la guerre. De même, les pays doivent se mettre rapidement d’accord sur une répartition commune et solidaire des responsabilités. La Suisse doit participer à des programmes d’accueil des réfugié-e-s. La Suisse doit faire preuve de solidarité avec les pays de premier accueil dans le sens du partage des responsabilités et se tenir prête à accueillir rapidement et facilement les personnes en quête de protection.
- Une aide humanitaire à la population civile. La Suisse doit participer aux actions humanitaires de l’UE et apporter une aide d’urgence sur place.
- Un engagement en faveur d’une désescalade du conflit. La pression politique doit également être augmentée avec l’aide de la Suisse et le dialogue doit être poursuivi afin que la Russie se retire de l’Ukraine. Une désescalade de la situation constituerait la meilleure solution, notamment pour la population civile.