Pas de solutions durables en vue pour les réfugiés syriens

18 mars 2019

Une majorité des réfugiés syriens au Liban ne parviennent pas à subvenir à leurs besoins fondamentaux malgré l’assistance qu’ils reçoivent. Sous pression des autorités libanaises, certains ont depuis 2017 tenté le retour en Syrie, alors même que les conditions de sécurité dans ce pays ne sont pas remplies. Pour les plus vulnérables, la réinstallation vers un pays tiers, tel que la Suisse, reste le seul espoir.

Par Frederik Kok, expert-pays de l’OSAR

Un statut légal fragile

Alors que le conflit en Syrie va bientĂ´t entrer dans sa huitième annĂ©e, la situation des 1,5 millions de rĂ©fugiĂ©s syriens au Liban apparait chaque jour de plus en plus intenable. Ceux-ci ne sont pas reconnus par le Liban comme des rĂ©fugiĂ©s, mais simplement comme des «dĂ©placĂ©s». Face Ă  l’afflux massif de rĂ©fugiĂ©s syriens depuis 2011, le gouvernement a dĂ©cidĂ© en 2015 de fermer sa frontière avec la Syrie. Il a Ă©galement mis en place des restrictions sur les droits de rĂ©sidence des rĂ©fugiĂ©s syriens dĂ©jĂ  prĂ©sents dans le pays et suspendu l’enregistrement de nouveaux rĂ©fugiĂ©s par le Haut-commissariat aux rĂ©fugiĂ©s (HCR). Seuls un million de rĂ©fugiĂ©s sont aujourd’hui officiellement enregistrĂ©s.

Des conditions de vie de plus en plus difficiles

Selon un rĂ©cent rapport du HCR, les rĂ©fugiĂ©s syriens au Liban sont plus vulnĂ©rables que jamais. Près de trois-quarts âgĂ©s de 15 ans et plus n’ont pas de rĂ©sidence lĂ©gale et courent un sĂ©rieux risque de se faire arrĂŞter et dĂ©porter. Pour survivre, ils sont aussi forcĂ©s d’accepter des emplois prĂ©caires et mal payĂ©s.

Un tiers des ménages font face à une insécurité alimentaire et 69 pourcents vivent en dessous du seuil de pauvreté. L’écrasante majorité est forcée d’adopter des stratégies d’adaptation négatives, telles qu’acheter de la nourriture de moins bonne qualité ou manger moins, ou emprunter de l’argent ou faire travailler les enfants.

De plus en plus de rĂ©fugiĂ©s vivent dans des logements insalubres et surpeuplĂ©s. Officiellement, le gouvernement n’autorise pas les camps et on estime que seul 15 pourcents vivent dans des camps informels. La majoritĂ© vit dans des immeubles rĂ©sidentiels situĂ©s dans des villes ou villages, souvent Ă  la merci des propriĂ©taires. En 2017 et 2018, des milliers de rĂ©fugiĂ©s ont Ă©tĂ© expulsĂ©s de leurs logements.

Obstacles au retour

Alors que selon le HCR les conditions humanitaires et sĂ©curitaires en Syrie ne sont pas remplies pour un retour digne et volontaire, depuis 2017, des milliers de rĂ©fugiĂ©s syriens ont tentĂ© d’y retourner, certains avec l’aide du gouvernement libanais. En novembre 2018, un ministre libanais indiquait qu’au moins 20 rĂ©fugiĂ©s avaient Ă©tĂ© tuĂ©s après leur retour et que les dĂ©tentions, les abus de la part du rĂ©gime syrien mais aussi la conscription militaire avaient fortement ralenti les retours. Dans un pays dĂ©vastĂ© par la guerre, les rĂ©fugiĂ©s n’ont souvent pas de maisons oĂą retourner, d’écoles oĂą envoyer leurs enfants ou encore de perspectives de trouver un travail.

Programme de réinstallation: un espoir pour les plus vulnérables

Pour la plupart des rĂ©fugiĂ©s, le seul espoir d’une solution durable rĂ©side dans les programmes de rĂ©installation vers des pays tiers, tels que la Suisse. Depuis 2013, la Suisse a accueilli près de 3 500 rĂ©fugiĂ©s syriens parmi les plus vulnĂ©rables, principalement ceux avec un besoin de protection Ă©levĂ©, une volontĂ© et potentiel d’intĂ©gration, entre 40 et 60 pourcents de femmes et de jeunes filles et sept pourcents de personnes handicapĂ©es, âgĂ©es ou malade. En novembre 2018, la Conseil fĂ©dĂ©ral a exprimĂ© son souhait d’accueillir entre 1 500 et 2 000 rĂ©fugiĂ©s, provenant de Syrie mais aussi d’autres pays, tous les deux ans.

Des chances équitables, ensemble pour les personnes réfugiées.

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