Entretien réalisé par Athénaïs Python
Salma Lagrouni, parle-nous un peu de toi, de ton parcours. Qui es-tu ?
Je suis une personne simple. Je m’appelle Salma, je suis marocaine et je suis comédienne et metteuse en scène. J’ai travaillé sur plusieurs pièces de théâtre en tant que comédienne et metteuse en scène, au Maroc et en France. Je vis en Suisse depuis environ dix ans et ici, je travaille plutôt pour le théâtre engagé ou militant. Les thématiques des pièces sont plus engagées, avec des personnes concernées. Parlons aujourd’hui plus spécifiquement du spectacle Barîn au-delà des frontières.
Oui, parle-nous de ce spectacle que tu as co-écrit ?
L’origine de l’idée vient en réponse au mouvement Femme, Vie, Liberté, né en Iran face aux violences faites aux femmes et à la mort de Mahsa Amini. D’après les images et les témoignages, cette jeune kurde a été battue, mais selon les autorités, elle avait un problème de santé. Mahsa a été interpellée parce que, soi-disant, elle ne portait pas correctement son voile. J’ai rencontré Shahla Kakai, originaire de Ravansar, au Kurdistan iranien. Elle est réfugiée politique en Suisse, à Genève. Nous nous sommes rencontrées pour parler des violences domestiques dans le cadre engagé de la campagne Violence Basta ! Nous avons tout de suite ressenti le besoin d’écrire ensemble un texte qui dénonce les violences faites aux femmes. Shahla devait tourner une vidéo, en kurde, sur les violences domestiques. Et je devais en faire une en arabe. Après notre entrevue à Genève, nous sommes restées en contact. Quand j’ai voulu faire ce projet sur les violences faites aux femmes en Iran, j’ai proposé à Shahla de boire un café, pensait qu’elle connaissait peut-être des femmes iraniennes. Elle m’a alors confiée un peu son histoire. Et j’ai demandé : « Serait-il possible que cette femme que je cherche, ce soit toi ? » Elle a répondu « Je vais réfléchir. Peut-être que oui. Je ne sais pas. Je m’y attendais pas ». Concernant la musicienne de la pièce, elle m’a été suggérée par des connaissances. Nous cherchions une personne qui jouait d’un instrument de percussion assez présent plutôt au Proche orient.
Vous avez décidé de réunir sur scène des femmes migrantes et réfugiées qui joueraient en français, sans maîtriser vraiment cette langue. C’était un des enjeux du spectacle, n’est-ce pas ?
Oui, tout à fait, parce qu’aujourd’hui, une femme migrante ou réfugiée non francophone n’a pas vraiment de place dans le paysage artistique suisse. Je trouve cela grave parce qu’il y a une richesse à transmettre, culturelle, intellectuelle, entre autres. Malheureusement, les femmes migrantes ne sont pas présentes. Il n’existe pas de pièces montées par des femmes migrantes. Il n’existe pas de pièces montées pour et surtout avec les personnes concernées, les personnes réfugiées. Je voulais donc dénoncer les violences faites aux femmes en Iran, mais aussi faire un parallèle ou ouvrir une réflexion universelle sur ce qui se passe de manière générale sur le plan des violences faites aux femmes. En Suisse aussi, il y a régulièrement des féminicides. On sait aussi qu’il y a une hiérarchie des langues. Ainsi, l’accent canadien est bien perçu, bien accueilli. Ce n’est pas pareil pour l’accent arabe ou kurde. C’est ce qu’on appelle la glottophobie. Nous voulions vraiment donner de la place à nos accents sur scène. Donc, nous avons vraiment travaillé avec les accents. Il fallait évidemment connaître le texte par cœur, savoir bien le lire, le jouer, avoir une diction fluide. Mais il fallait aussi absolument conserver les accents de toutes les comédiennes. Il y avait les accents espagnol, kurde, tunisien, marocain, français… Une diversité qui reflète aussi la société suisse d’aujourd’hui. Mais on refuse un peu de l’accepter, je dirais.
Et des femmes aussi qui, pour la plupart, n’avaient jamais fait de théâtre.
Oui, tout à fait, parce que Women in Action International est une association qui défend les droits des femmes par le biais de l’art. On monte des pièces de théâtre, des documentaires. On anime des ateliers théâtres, surtout avec les femmes, sans pour autant exclure d’autres identités de genre. On a travaillé avec un groupe de femmes, et on voulait absolument travailler aussi avec des personnes professionnelles, des personnes amateures et des personnes concernées. Chaque personne joue son rôle. Cela requiert beaucoup plus d’écoute, de bienveillance, car la dimension humaine, tout aussi importante, entre en jeu. C’est très enrichissant aussi personnellement. J’ai beaucoup appris en tant que metteuse en scène. Avec Shahla, qui n’a jamais fait de théâtre, mais qui est concernée par la thématique, il a fallu travailler un peu en amont pour transmettre le vocabulaire du théâtre : que signifient un plateau, une scène, des coulisses, côté jardin, côté cours ? Il fallait aussi appréhender le texte, la posture, le mouvement sur le plateau, faire beaucoup d’improvisation, des exercices, pour permettre cette fluidité. Puis se retrouver toutes ensemble pour répéter le texte. Concernant le texte, il y a eu deux étapes : la version écrite par Shahla et moi, et la version jouée. Le texte initial comportait beaucoup de récits, qui retraçaient toute son enfance en Iran, son parcours migratoire et l’exil. Puis son arrivée en Suisse, comment elle y a vécu durant dix ans, les défis, les difficultés, la politique d’asile. Ensuite il a fallu mettre en scène ce texte. C’est-à -dire jouer des situations, être dans l’action. Ce sont donc deux textes différents. Voici un passage du premier texte :
« Lorsque nous quittions notre maison, nous pénétrions dans un monde étranger, la société, où il fallait vivre différemment, nous conformer aux désirs et aux règles imposées, respecter une certaine façon de s’habiller. Il était mal vu pour une femme de lever la voix ou de rire fort dans la rue. L’école était à l’image d’une prison, les murs étaient hauts, il n’y avait pas de jouets, rien de coloré à mon époque, tout était foncé, y compris nos habits. Et il y avait un rituel. Chaque matin, deux filles de l’école se tenaient à l’entrée, avec pour mission de vérifier nos cartables. Elles devaient nous soustraire les choses interdites, chewing-gum, du maquillage. Elles cherchaient aussi des petits mots d’amour échangés que l’on avait oubliés sur nous, des photos de garçons ou simplement des photos de personnalités célèbres. Un simple poster photo de Jennifer Lopez représentait un réel danger. Nous avions une sorte de long manteau tombant 15 cm au-dessous du genou, boutonnée de haut en bas. L’hiver, nous portions un pull épais en dessous. Jusqu’à 12 ans, les filles portaient un voile blanc recouvrant les cheveux. Mais dès 13 ans, le voile était noir et ne couvrait pas seulement les cheveux, Mais il fallait aussi qu’ils dissimulent les poitrines naissantes. Si malgré la longueur du foulard, des cheveux dépassaient, on nous demandait de les rentrer dans le manteau. Nous avions droit à un, voire deux avertissements. Au troisième, les parents étaient avertis et cela pouvait aller jusqu’au renvoi définitif de l’école. J’aimais beaucoup le basket. J’ai demandé à ma mère de m’inscrire au club du basket féminin de Ravansar. Ma mère a beaucoup hésité car elle ne pouvait pas m’accompagner à chaque fois. Ma sécurité sur le chemin n’était pas assurée. Elle m’a proposé de m’apprendre la couture, de rester jouer dans le jardin. Le sentiment de sécurité était inexistant. On pouvait être facilement harcelé ou agressé par les garçons sur le chemin. Quelles que soient les activités, mon frère s’y opposait. Toujours. »
Cet extrait retrace sa vie, son enfance, surtout en Iran. La première partie du texte questionne le pourquoi les gens quittent leur pays ? Derrière cette décision, il y a toujours une histoire d’oppression, d’injustice, de guerre. Il y a toujours une raison. Personne ne veut recommencer à zéro.
Cette démarche est donc à la fois artistique, sociale et militante ?
Oui, tout à fait. Je pense que dans l’artistique, il y a toujours du politique et du social. C’est automatique. Tout est lié. Le théâtre permet une confrontation douce. Souvent, on voit une confrontation dans les débats, c’est un peu la guerre. On est là pour défendre sa position. Alors que le théâtre permet beaucoup de choses. C’est un espace d’écoute, d’expression, de partage. Surtout, le plus important, c’est qu’il parle aux émotions. Le public ne peut pas refuser d’être touché. C’est comme en amour, quand on se dit, c’est plus fort que moi, je voudrais ne pas aimer cette personne, mais je n’y arrive pas. Le théâtre, c’est ça. La scène permet de communiquer, de discuter, de stimuler, d’émotionner. Quand on parle avec les émotions, il y a une réflexion, quelque chose qui se passe, et c’est là que les choses s’ouvrent. Parfois, cela génère un changement de position ou au moins l’envie d’en savoir plus sur un sujet. Le théâtre, c’est aussi un espace qui développe beaucoup l’empathie, un format où la thématique traitée arrive souvent avec tout un historique. C’est donc aussi un espace de transmission de savoirs, d’informations, d’actualités, de ce qui se passe dans le monde. C’est vraiment un miroir de la société. Et puis, c’est ce que je sais faire, donc je ne pourrais pas faire autre chose.
Qu’est-ce que le théâtre apporte aux femmes réfugiées ?
Je dirais d’abord que c’est le théâtre qui est honoré d’avoir des personnes aussi fortes et aussi résilientes sur scène. Ensuite, comment le théâtre peut-il aider ? il y a la notion de ce qu’on appelle la catharsis dans le théâtre. C’est-à -dire que je vis ce qui se passe sur scène, je vis l’émotion en scène, je m’identifie et ça me fait du bien, ça me libère. Je pense que cela se produit entre la personne qui joue et le public, mais aussi entre la personne qui joue et elle-même. Shahla m’a dit un jour : « Ton théâtre, c’est presque comme une thérapie ». Quand on monte sur scène, on devient comédien ou comédienne. C’est un changement de posture. On sort de ce que la société nous oblige à vivre, on sort de la posture passive. On prend une place, avec une cause à défendre. C’est une posture active, d’émancipation, de force, de rebondissement, de résilience.
Pour toi, c’est donc vraiment un outil de prise de parole et de revendication indissociable du militantisme. As-tu observé une transformation chez ces femmes qui prennent une place par le biais théâtre ?
Oui, je sens une transformation et elles partagent ce ressenti. Elles disent que cela leur a beaucoup apporté. J’insiste tout de même sur le fait que c’est surtout le théâtre qui est honoré. Souvent, on pense que cette une manière d’aider des gens. Mais ces personnes nous apportent beaucoup. Dans leur pays, elles ont fait des études, elles sont avocates par exemple. Shahla vivait dans une maison de 400 m2. Ici, elle habite dans une chambre de deux mètres sur quatre. On pense que ces personnes n’ont rien, qu’elles ne sont personne, mais ce sont des gens !
Comment le théâtre peut-il sensibiliser la population à ces questions ? Touche-t-il de nouvelles personnes ou seulement celles qui sont déjà sensibilisées ?
Le public est très varié. Il y a des personnes déjà sensibilisées, des gens de la minorité kurde, des personnes d’Iran venues voir de quoi parle une pièce dont la voix principale est celle d’une femme kurde. Et on sait ce que les minorités kurdes endurent un peu partout. Certaines personnes pensaient aussi retrouver un esprit folklorique de l’Orient. Il y en a eu d’autres qui avaient entendu parler des violences faites aux femmes en Iran, sensibles à ces thématiques, qui voulaient mieux comprendre. C’est très enrichissant parce qu’après chaque représentation, on ouvre la discussion. C’est aussi cet échange qui nous intéresse. Nous voulions aussi entendre les réactions, les observations, les remarques, les ressentis, juste après la représentation.
À quels défis ces femmes sont-elles confrontées en matière d’intégration et de participation ?
Le mot « intégration » me dérange beaucoup. Je le perçois comme une posture où l’Occident détient la vérité absolue, sait mieux que tout le monde, et estime que ce sont aux autres de s’intégrer. Qu’est-ce que ça veut dire l’intégration ? Est-ce que l’on a cherché les causes ? Est-ce que l’on sait qu’il y a des guerres ? Qu’il y a eu la colonisation, les oppressions ? Que l’Occident contribue à cela ? Il faut sortir de cette posture d’intégration, chercher les causes, se remettre en question. Et là , on pourra peut-être trouver un autre mot qui définira mieux cet échange ou cette nécessité pour ces personnes de quitter leur pays parce qu’elles sont en danger, peut-être persécutées, ou sous les bombes. Shahla a fait le trajet avec son mari, Fazel. Elle ne savait pas nager. Il faut s’imaginer : chez toi, tu as une licence en littérature persane, tu as ouvert la première librairie – qui s’appelle Barin – tenue par une femme dans la région de Haouraman. Tu as écrit dans plusieurs journaux sur la question kurde, défendant les minorités ethniques, etc. Tu as un certain bagage, comme on dit. Et puis tu arrives dans un autre pays et il faut « s’intégrer ». Mais il y a tous ces défis, simplement tout recommencer, à zéro. Tu as mené ta vie jusqu’ici, vécu énormément de choses, mais en arrivant, presque rien n’est pris en compte ou valorisé. Il faut beaucoup de temps pour trouver de nouveaux repères. Ce spectacle est aussi quelque chose de très intime. C’est une histoire vraie. En l’écrivant, au début, Shahla me demandait : « Tu peux enlever cette partie ? » Et je me questionnais toujours. Il y a des choses qu’on n’oublie pas, qui sont en nous. Je suis marocaine, j’ai peut-être des encore des réflexes dont je ne me rends pas compte, même si je pense m’être libérée de nombreux schémas. Il y avait quand même toujours ces réflexions. Pendant les répétitions, parfois, nous parlions de Shahla. Une comédienne était beaucoup dans l’émotion, pleurait, ne pouvait pas continuer de répéter. Elle disait être trop touchée, ne plus y arriver. On ne se rend pas toujours compte, mais le corps enregistre beaucoup. Parfois, il faut vraiment être non seulement dans la conception, la mise en scène, mais aussi beaucoup dans l’écoute. De toutes petites choses peuvent peut-être renvoyer une personne vers un vécu, une situation difficile. C’est hypersensible. Transmettre la pratique théâtrale à des personnes non professionnelles, c’est aussi gérer des situations comme celle-ci. C’est un enjeu supplémentaire, en plus du travail sur scène. Il n’y a pas de livre pour apprendre à gérer des situations comme ça. C’est de l’humain. Et quoi de plus complexe que l’humain ?! Il faut donc d’être à l’écoute, dans la bienveillance, toujours dans la communication. On parle beaucoup d’énergie dans le théâtre. L’énergie c’est quelque chose que l’on peut ressentir en arrivant le matin. Je pense que plus ont fait des rencontres, plus on apprend des choses sur l’humain et sur soi-même. J’apprends beaucoup sur moi, comment je réagis face à certaines situations. Parfois, je crois que je vais réagir d’une certaine manière, mais quand la situation se présente arrive, je suis tout à fait différente. C’est tellement intéressant.
Qu’as-tu donc appris sur toi-même ?
Je suis beaucoup dans l’action, j’ai beaucoup d’énergie. Parfois, je peux réagir rapidement. En tant que responsable de toute une équipe, je dois donc supporter certaines choses et rester zen. Mais j’ai le droit de craquer ; on travaille sur des thématiques fortes, de profondeur, de contenu, de sens. Il y a une équipe de 12 personnes, il faut veiller à ce que ça se passe bien, parce qu’on fait cela aussi par plaisir. C’est un travail bénévole. Les personnes sont là parce qu’elles en ont envie, parce qu’elles veulent travailler à ce projet-là , parler de ces thématiques. J’ai donc appris à prendre du temps avant de réagir. Le théâtre, c’est beaucoup l’action, et parfois il faut rester en retrait. Faire attention à ne pas commettre d’erreur, car le projet repose sur mes épaules. Faire attention aussi de ne pas perdre l’équipe, qu’elle conserve son élan, la même énergie. Mais sincèrement, c’est aussi elle qui me donne cette énergie. Donc pendant tout le projet, je puisais aussi dans l’énergie, l’envie, la force, la résilience de l’équipe.
Tu voulais revenir sur ce mot, Barîn ?
C’est un verbe qui signifie plus ou moins « quelque chose qui tombe du ciel ». Shahla l’avait choisi parce qu’elle avait réussi à ouvrir cette librairie malgré beaucoup de difficultés. C’est terriblement difficile d’ouvrir une librairie tenue par une femme. Pour elle, c’était comme un cadeau du ciel, alors elle l’a appelée Barîn. C’est aussi un prénom féminin qui existe dans sa région.
Comment peut-on s’allier par rapport à ces questions ?
Je pense que chaque personne doit se servir de ce qu’elle sait faire, car c’est peut-être le plus facile. Je sais faire du théâtre, par exemple, dont je peux agir en utilisant le théâtre. Si je sais faire de la musique, je peux composer. Je pense qu’il faut toujours partir de soi, parce que c’est là où c’est fort, en étant aussi toujours dans la mobilisation et en groupe, parce que le groupe et l’inclusion sont particulièrement importants. Si on veut vraiment faire changer les choses, il faut être en groupe, il faut être en force. Il ne faut pas baisser les bras. Ne pas faire deux ou trois manifs et puis plus rien. Il faut vraiment continuer. La vie, c’est un combat. Tout est combat.
Comment les comédiennes ont-elles vécu les retours à la suite de cette pièce ?
Très bien, parce qu’on ne s’attendait pas à jouer à guichet fermé dans des salles de 90, 100, 120 places, avec toujours 30 ou 40 personnes sur liste d’attente. Pour les comédiennes, c’était surprenant. Elles ont réalisé que c’était sérieux. Et les commentaires étaient très motivants. Elles étaient très contentes. C’est aussi pour cela qu’elle ont continué. Je dis toujours qu’il faut surtout s’amuser. Nous répétons sérieusement, mais juste avant de commencer une représentation, on dit que nous savons jouer et que maintenant on va s’amuser, même si on se trompe. S’amuser, c’est le plus important, c’est la raison première pour laquelle nous sommes là . Elles n’ont pas forcément eu la possibilité de faire du théâtre, mais certaines en ont toujours eu envie. Merchet est comédienne professionnelle, Mayumi fait du théâtre amateur. Nezra, a fait du théâtre pour la première fois, mais elle a toujours voulu sans pouvoir le faire. Shahla, est la protagoniste. Berîn, la musicienne, est aussi très engagée. Elle a composé la musique, jouée en direct. La costumière a aussi réalisé des costumes avec beaucoup de nœuds, pour symboliser ce qui est noué en nous et dont on aimerait se libérer.
Comment avez vous géré le stress ?
Il y a des exercices, évidemment, de préparation du corps et de la voix avant de commencer à jouer. J’ai aussi proposé de faire un filage, c’est-à -dire une représentation en condition de spectacle, devant un public composé seulement des familles et des connaissances proches. Elles ont joué avec les costumes, la lumière. Certaines disaient que cela les stressait davantage de jouer devant leurs proches, leurs enfants, et qu’elles avaient encore plus le trac que face à un public de personnes inconnues. Concernant le stress, dans le théâtre il y a ce qu’on appelle « le ici et le maintenant », c’est très important. Je leur disais toujours : « On oublie ce qu’il s’est passé avant d’entrer en scène. Ce que je viens de dire fait déjà partie du passé. On garde la concentration sur ici et maintenant seulement ».
Avec ce groupe qui s’est créé, les liens qui se sont renforcés, as-tu envie de faire d’autres spectacles, de monter d’autres projets ?
Au sein de l’association, nous travaillons vraiment chaque fois avec un groupe différent. Le but n’est pas de travailler toujours avec les mêmes personnes. On monte un groupe pour chaque projet, en cherchant les personnes motivées par le projet, qui peuvent apporter des choses. C’est donc à chaque fois un groupe différent. La première pièce de théâtre, qui a aussi beaucoup tourné en Suisse romande, s’appelait Cellule numéro 1. C’était une équipe complètement différente. J’aime beaucoup le travail avec les personnes militantes, les associations. Nous essayons d’établir des partenariats dans les différentes villes, avec des groupes militants qui peuvent organiser des discussions en rassemblant davantage de monde. D’ailleurs, merci pour cette belle initiative du « Tour de Suisse de l’humanité » ! Je pense qu’actuellement, il faut de de plus en plus d’initiatives de ce genre, qui descendent dans les rues, se rapprochent des gens et ouvrent la discussion et la réflexion.
