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NON à la suppression de la protection des personnes réfugiées !

24 septembre 2025

Par le biais de son initiative, profondément radicale, pour la protection des frontières, l’Union démocratique du centre (UDC) veut rompre avec le droit international contraignant, abroger des pans entiers du droit suisse de l’asile et supprimer la protection des personnes déplacées par la guerre. Elle cherche aussi à dénoncer la Convention de Genève sur les réfugiés ainsi que la Convention européenne des droits de l’homme et à mettre fin à la coopération avec l’Union européenne (UE) dans le domaine de l’asile. Fermement décidée à mener une campagne contre cette initiative, l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés (OSAR) oppose un NON catégorique.  

L’initiative dĂ©posĂ©e aujourd’hui sous le titre officiel « Stop aux abus de l’asile ! (initiative pour la protection des frontières) » est l’attaque la plus radicale jamais envoyĂ©e par l’UDC envers la protection des personnes rĂ©fugiĂ©es, le droit d’asile et les droits humains. L’initiative demande l’instauration de contrĂ´les systĂ©matiques aux frontières, l’interdiction gĂ©nĂ©rale d’entrĂ©e des personnes requĂ©rantes d’asile, la limitation des octrois d’asile Ă  un contingent maximum de 5000 personnes par an et la suppression de l’admission provisoire.   

Cette initiative appelle donc Ă  faire fi de principes fondamentaux de la Constitution et d’obligations internationales afin de vider de leur sens le droit d’asile suisse et la protection des personnes rĂ©fugiĂ©es. Pour les personnes rĂ©fugiĂ©es, les consĂ©quences de cette initiative sont immenses. La Suisse renverrait donc des femmes, des hommes et des enfants victimes de persĂ©cution ou fuyant la terreur, la guerre et la violence, sans tenir compte de leur situation dangereuse et de leur besoin de protection.  

L’OSAR s’y oppose catĂ©goriquement !  

L’initiative de l’UDC attaque les valeurs dĂ©mocratiques fondamentales de notre sociĂ©tĂ©, que sont l’humanitĂ©, l’État de droit et la solidaritĂ©. L’OSAR rejette cette initiative et en expose les raisons dans son argumentaire, car elle:    

… vise Ă  rompre avec le droit international contraignant. L’initiative veut introduire une interdiction gĂ©nĂ©rale d’entrĂ©e en Suisse pour les personnes rĂ©fugiĂ©es transitant par des États tiers sĂ»rs. Actuellement, cela concerne presque la totalitĂ© des personnes qui dĂ©posent une demande d’asile en Suisse puisqu’elles arrivent ici en passant par l’un de nos pays voisins, qui sont justement reconnus comme des États tiers sĂ»rs. Cette exigence ne peut ĂŞtre mise en Ĺ“uvre sans contrevenir au droit international contraignant, non nĂ©gociable et non dĂ©nonciable (principe de non-refoulement) Ă©tant donnĂ© que les refoulements, ou pushbacks, systĂ©matiques de personnes rĂ©fugiĂ©es sont interdits. 

L’initiative demande aussi que les personnes admises Ă  titre provisoire, c’est-Ă -dire avec un permis F, quittent la Suisse alors qu’un retour dans leur pays d’origine est considĂ©rĂ©, après examen, comme illicite, inexigible ou impossible. Raisons pour lesquelles ces personnes obtiennent un permis F et que nombre d’entre elles ne peuvent ĂŞtre renvoyĂ©es de Suisse sans enfreindre le droit international contraignant.  

… abroge des pans entiers du droit d’asile suisse. Cette initiative veut que les femmes, les hommes et les enfants qui atteignent la Suisse par voie terrestre en passant par un État tiers sĂ»r se voient dĂ©sormais refuser l’entrĂ©e, l’asile et l’admission provisoire. Il s’agit d’une abrogation substantielle du droit d’asile et de la procĂ©dure d’asile suisses. L’introduction d’un contingent d’octrois de l’asile ne changerait rien, car une dĂ©cision politique de contingenter certaines catĂ©gories de personnes rĂ©fugiĂ©es ne peut remplacer le droit Ă  une procĂ©dure d’asile individuelle et Ă  la protection, garanti par le droit international et la Constitution. En outre, ce contingent limitĂ© par l’initiative Ă  5000 personnes par an maximum est totalement arbitraire, fait fi de la rĂ©alitĂ© des mouvements migratoires et se situe largement en deçà des 12 000 protections, hors statut S, octroyĂ©es en moyenne au cours des dernières annĂ©es. 

… met fin Ă  la protection des personnes dĂ©placĂ©es par la guerre. L’initiative entend supprimer complètement l’admission provisoire (permis F). Ainsi, plus aucune nouvelle admission provisoire ne serait accordĂ©e et les permis F ne seraient pas renouvelĂ©s. Les femmes, les hommes et les enfants qui vivent dĂ©jĂ  en Suisse au titre d’une admission provisoire devraient perdre cette protection et quitter au plus vite le territoire suisse, mĂŞme si ces personnes sont dĂ©jĂ  bien intĂ©grĂ©es et financièrement indĂ©pendantes. Des dizaines de milliers de personnes innocentes deviendraient alors sans-papiers, obligĂ©es de vivre dans l’illĂ©galitĂ© et la prĂ©caritĂ© de l’aide d’urgence jusqu’au moment de leur renvoi. 

… annihile la coopĂ©ration internationale dans le domaine de la protection des personnes rĂ©fugiĂ©es. L’initiative rompt totalement avec les obligations fondamentales de la Suisse en matière de droit des personnes rĂ©fugiĂ©es et des droits humains, et avec celles du droit d’asile europĂ©en. En effet, pour la mettre en Ĺ“uvre, il faudrait dĂ©noncer les accords d’association Ă  Schengen et Dublin, la Convention de Genève sur les rĂ©fugiĂ©s, la Convention europĂ©enne des droits de l’homme, la Convention de l’ONU sur les droits de l’enfant, la Convention de l’ONU contre la torture et le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (Pacte II de l’ONU).  

… porte préjudice à la Suisse. La dénonciation de ces accords internationaux se répercute bien au-delà du domaine des personnes réfugiées. Les droits politiques et civils de la population suisse seraient affaiblis et la position de la Genève internationale en tant que siège du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) serait menacée. Une dénonciation des accords d’association à Schengen signifie aussi la fin de la libre circulation des personnes dans l’UE, étant donné que les accords sont liés. Les contrôles aux frontières risquent en outre d’entraîner des coûts supplémentaires considérables, des kilomètres d’embouteillages et des restrictions pour le tourisme et la liberté de circulation. De plus, la suppression de l’admission provisoire affaiblirait sensiblement le potentiel national de main-d’œuvre. Enfin, les personnes visées devraient être soutenues financièrement et hébergées dans des structures d’aide d’urgence, ce qui poserait des problèmes considérables aux autorités cantonales et communales.