Le programme d’allègement budgétaire 2027, une menace pour la politique d’intégration

16 décembre 2025

Le Conseil des États se penchera demain sur le programme d’allègement budgétaire 2027 proposé par le Conseil fédéral. Ce programme touche largement le domaine de l’asile puisqu’il prévoit comme principale mesure d’économie de limiter à cinq ans la durée maximale d’indemnisation au moyen des forfaits globaux. L’Organisation suisse d’aide aux réfugiés (OSAR) critique vivement cette proposition, qui, bien loin de générer des économies, transfère simplement les coûts vers les cantons et les communes et met ainsi en péril l’intégration durable des personnes réfugiées. L’OSAR appelle le Conseil des États à rejeter le programme d’allègement budgétaire en l’état.

Le programme d’allègement budgĂ©taire 2027 du Conseil fĂ©dĂ©ral sera soumis Ă  l’examen du Conseil des États demain. C’est dans le domaine de l’asile que doit ĂŞtre rĂ©alisĂ© l’effort d’économie le plus substantiel, de près d’un demi-milliard de francs. Il est prĂ©vu de limiter Ă  cinq ans la durĂ©e maximale d’indemnisation au moyen des forfaits globaux versĂ©s aux cantons pour les personnes admises Ă  titre provisoire. Ă€ travers ces forfaits globaux, la ConfĂ©dĂ©ration assume notamment les coĂ»ts de l’aide sociale, de l’hĂ©bergement et de l’encadrement incombant aux cantons dans le domaine de l’asile. Cette durĂ©e est actuellement de sept ans maximum pour les personnes admises Ă  titre provisoire et de cinq ans maximum pour les personnes rĂ©fugiĂ©es au bĂ©nĂ©fice de l’asile et les personnes disposant du statut S. 

 L’OSAR s’oppose catĂ©goriquement Ă  cette proposition. Elle appelle le Conseil des États Ă  suivre la minoritĂ© de la commission et Ă  rejeter le programme d’allègement budgĂ©taire en l’état. 

Un transfert des coûts plutôt que des économies réelles

Vue sous l’angle macroĂ©conomique, la rĂ©duction envisagĂ©e de la durĂ©e d’indemnisation au moyen des forfaits globaux entraĂ®nera non pas des Ă©conomies, mais un simple transfert des coĂ»ts de la ConfĂ©dĂ©ration vers les cantons et les communes, qui continueront d’assumer les coĂ»ts de l’aide sociale des personnes concernĂ©es. Les coĂ»ts supplĂ©mentaires pourraient pousser les cantons et les communes Ă  rĂ©duire les prestations de l’aide sociale en matière d’asile, dont le montant actuel, oscillant entre 10 et 27 francs par jour Ă  peine, est dĂ©jĂ  nettement en deçà du minimum vital. 

 L’intĂ©gration professionnelle prend du temps 

En rĂ©duisant la durĂ©e d’indemnisation, le Conseil fĂ©dĂ©ral cherche Ă  forcer l’intĂ©gration professionnelle des personnes rĂ©fugiĂ©es. Celles qui sont en âge de travailler devraient ainsi dorĂ©navant exercer une activitĂ© lucrative cinq ans seulement après le dĂ©pĂ´t de leur demande d’asile, une exigence que l’OSAR juge irrĂ©aliste et de courte vue. Une intĂ©gration professionnelle pĂ©renne requiert une maĂ®trise de la langue et des qualifications suffisantes pour pouvoir rompre durablement avec la dĂ©pendance Ă  l’égard de l’aide sociale, un processus qui prend du temps. Faute des compĂ©tences nĂ©cessaires, le risque de retomber dans cette dĂ©pendance augmente. Vu les revenus souvent insuffisants des personnes rĂ©fugiĂ©es, qui travaillent dans des secteurs Ă  bas salaires, une focalisation unilatĂ©rale sur la rapiditĂ© de l’intĂ©gration professionnelle risque d’entraĂ®ner une hausse du nombre de travailleuses et travailleurs pauvres dans l’aide sociale. 

 Abandon de la politique d’intĂ©gration menĂ©e jusqu’ici

Cet objectif prioritaire unilatéral d’une intégration professionnelle rapide tourne complètement le dos à l’Agenda Intégration Suisse (AIS), élaboré collectivement par la Confédération, les cantons et les communes et entré en vigueur en 2019. L’AIS vise une intégration durable à travers la formation et l’apprentissage de la langue. Avec sa mesure d’économie, la Confédération remet cette politique en question après quelques années à peine, alors que le suivi de l’encouragement de l’intégration du Secrétariat d’État aux migrations (SEM) montre déjà des effets positifs au niveau de l’intégration professionnelle.