Obligation de signer une lettre de regret auprĂšs du consulat Ă©rythrĂ©en : le Tribunal fĂ©dĂ©ral considĂšre la pratique du SEM comme illĂ©gale

26 novembre 2025

Le Tribunal fĂ©dĂ©ral a jugĂ© que l’exigence, jusqu’ici imposĂ©e par le consulat Ă©rythrĂ©en, de signer une dĂ©claration de regret afin d’obtenir les documents d’identitĂ© nĂ©cessaires Ă  l’octroi d’une autorisation de sĂ©jour pour cas de rigueur, est illĂ©gale. L’OSAR recommande depuis longtemps au SEM de renoncer Ă  exiger la procuration de documents de voyage par l’intermĂ©diaire de l’ambassade, afin de protĂ©ger les ressortissant∙es Ă©rythrĂ©en∙nes contre les risques d’arbitraire et de rĂ©pression.

Dans son arrĂȘt 2C_64/2025, publiĂ© le 20 novembre 2025, le Tribunal fĂ©dĂ©ral a considĂ©rĂ© qu’il n’était pas justifiĂ© d’exiger la signature d’une lettre de regret auprĂšs du consulat Ă©rythrĂ©en en Suisse pour obtenir un permis B pour cas de rigueur. En l’espĂšce, la personne Ă  l’origine de la demande remplissait toutes les conditions pour obtenir une autorisation de sĂ©jour pour cas de rigueur et ainsi voir son permis F remplacĂ© par un permis B. De l’avis du Tribunal, la lettre de regret que les autoritĂ©s Ă©rythrĂ©ennes font signer en Ă©change de l’octroi d’un document d’identitĂ© constitue une dĂ©claration d’auto-accusation contraire Ă  l’ordre juridique suisse et aux garanties internationales. Exiger un tel aveu pour obtenir un titre de sĂ©jour est ainsi disproportionnĂ©, n’a aucun lien direct avec la vĂ©rification de l’identitĂ© et viole le principe de non-incrimination. Cela signifie qu’il ne sera plus nĂ©cessaire de prĂ©senter un passeport Ă©rythrĂ©en pour obtenir un permis B pour cas de rigueur.  

Dans son arrĂȘt, le Tribunal rappelle Ă©galement que la situation gĂ©nĂ©rale en ÉrythrĂ©e reste critique, notamment en matiĂšre de service national et de droits humains, et que les consĂ©quences concrĂštes d’un retour sont imprĂ©visibles et arbitraires.  

L’OSAR se fĂ©licite de cette dĂ©cision, qui met fin Ă  une pratique arbitraire tolĂ©rĂ©e par les autoritĂ©s suisses et protĂšge les ressortissant·es Ă©rythrĂ©en·nes d’une dĂ©marche humiliante pouvant mettre en danger leur intĂ©gritĂ© physique ainsi que celle de leurs proches. DorĂ©navant, les autoritĂ©s suisses doivent garantir que l’octroi du permis B pour cas de rigueur repose sur les conditions dĂ©finies par le droit suisse et non sur une auto-incrimination exigĂ©e par un autre État.  

Cette dĂ©cision est appelĂ©e Ă  ĂȘtre publiĂ©e au recueil officiel des arrĂȘts du Tribunal fĂ©dĂ©ral, ce qui illustre son importance. L’OSAR espĂšre que son impact sera le plus large possible et continuera de suivre de prĂšs la pratique relative aux personnes originaires d’ÉrythrĂ©e.