Pushbacks : la Suisse aussi a sa part de responsabilité

07 octobre 2021

Des personnes réfugiées repoussées avec des matraques aux frontières de Bosnie-Herzégovine par les forces de sécurité croates : voici les images choquantes diffusées dans le reportage « Rundschau » de la télévision suisse allemande. Selon SRF, ces forces de sécurité sont en partie financées par la Suisse par le biais d’un fonds de l’UE. L’OSAR demande à la Suisse de s'appuyer sur sa participation à la politique migratoire de l’UE pour défendre résolument les droits humains aux frontières extérieures de l’UE.

Comme le montre le reportage du Rundschau, les forces de sĂ©curitĂ© croates repoussent les personnes rĂ©fugiĂ©es de force de l’autre cĂ´tĂ© d’un fleuve frontalier. Ce reportage est le rĂ©sultat de recherches communes menĂ©es par SRF, Spiegel, ARD, ZDF et Lighthouse Reports. Les nombreuses images tĂ©moignent de la violence utilisĂ©e : des rĂ©fugiĂ©s dont le haut du corps est couvert de traces de coups. Les policiers qui portent des matraques font manifestement partie de la police d’intervention croate et du Ministère croate de l’IntĂ©rieur.

Selon la SRF, ces forces de l'ordre sont financĂ©es par des fonds europĂ©ens, notamment le « Fonds pour la sĂ©curitĂ© intĂ©rieure Â» (FSI Frontières) pour la « gestion des migrations Â». La Suisse y contribue Ă©galement avec un montant total non nĂ©gligeable de 138 millions de francs accordĂ© sur la durĂ©e du fonds de sept ans. 

Ce n’est pas la première fois que les mĂ©dias parlent de ces « pushbacks Â» au niveau des frontières entre la Croatie et la Bosnie. En juin dĂ©jĂ , Rundschau avait diffusĂ© une contribution similaire. Dans le passĂ©, des « pushbacks Â» rĂ©pĂ©tĂ©s ont Ă©tĂ© rapportĂ©s dans d'autres pays frontaliers de l’UE.

En tant que membre de l'accord Schengen/Dublin, la Suisse est étroitement associée à la politique migratoire de l’UE. S’il s’avère que les fonds FSI sont réellement utilisés pour organiser des pushbacks, il faudra plus de transparence sur l’utilisation des contributions suisses à ce fonds. L’OSAR attend de la Suisse qu’elle s’engage résolument en faveur du respect des droits humains au niveau des frontières extérieures de l’UE. Cela inclut notamment le droit de pouvoir entrer sur le territoire d’un État pour y introduire une demande d'asile. Demander l’asile est un droit humain. Il s’applique à toutes et tous, quelle que soit la manière d’entrer dans un pays.